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Histoires de Maraudes
30 avril 2009

Le basque

Une fin de maraude, 23h30, un soir d'hiver, nous avions trouvé peu de gens dehors, la plupart étaient aux abris. 

Dans une entrée d'immeuble nous remarquons un sac de couchage. Un homme, la cinquantaine, dans son sac, assis contre le mur, il  lit un livre, quelques affaires rangées à ses côtés. Une impression de soirée paisible, un bon livre avant de s'endormir. Nous le saluons en entrant dans sa chambre à coucher. Il nous invite à rester. Comment peut-on vivre dehors et rester si propre, si net ? De toute évidence il ne boit pas, il paraît si serein.

- Allez voir le ptit à côté après, faut lui bouger les fesses, il est jeune il peut faire autre chose lui
- D'accord on ira juste après, et vous ?
- Moi non c'est bon, j'ai besoin de rien, voyez : j'ai des livres, tout le monde m'en passe, mon duvet est très chaud, il vient de l'armée et pour le reste j'ai beaucoup de personnes pour m'aider. Vous savez le Réseau même à Paris, il ne vous oublie pas.

(besoin de rien mais envie de parler)

Mais moi je n'attends rien de la société, je n'ai pas de pièce d'identité, je ne suis pas inscrit ni au chômage ni à rien, je n'appartiens à aucune liste, je ne suis répertorié nulle part et c'est volontaire.
La seule chose c'est quand il y a une bombe qui pète, les flics savent où me trouver pour me poser des questions. Mais moi je leur dis que je suis retiré, je ne sais rien. Je les connais tous les gars, mais tu crois que je vais balancer aux flics ? Les flics je les connais. La première rencontre que j'ai faite avec les flics, c'était en 1972, les flics espagnols, les pires, j'avais 14 ans et ils m'ont fait "un cadeau" qu'ils ont dit. Un cadeau que je n'oublierai jamais...    Une plongée dans l'histoire moderne du Pays Basque, le régime de Franco, l'après Franco, les familles séparées par la frontière, la colère et puis la sagesse.

Nous sommes restés un très long moment, captivés par ses paroles, sa culture, sa gentillesse et avons presque oublié qu'il fallait rentrer

Le basque se lève à 6h  demain, il doit libérer l'entrée de son immeuble tôt pour ne pas être indésirable

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